Les traditions de Noël en Martinique (par une Martiniquaise)

En tant que Martiniquaise, la période des fêtes de fin d’année, Noël et Jour de l’An, est l’un de mes moments préférés. Nos traditions sont très marquées – bien que certaines aient tendance à disparaître. Les familles se réunissent, on rigole, on maaaaaaange ! Certes, on mange bien toute l’année sur l’île mais en décembre ? Alala. C’est là qu’on se surpasse, c’est là où notre talent s’exprime le mieux ! Que fait-on à Noël en Martinique ? Je vous dis tout !

Chanter Noël en Martinique

Les « Chanté Nwèl » en créole sont incontournables à la Martinique. Traditionnellement, ils débutaient le jour de l’Avent mais plus les années passent et plus on les voit apparaître dès la fin des vacances de Toussaint jusqu’au réveillon du 24 décembre.

On chante en famille, chez des amis, mais aussi sur les places publiques, à la télévision, en radio en attendant la venue du Christ. Les cantiques sont accompagnés d’instruments traditionnels comme le tambour, le ti-bois, les chachas, le sillac.

Ils sont complétés par des ritournelles – parfois un peu grivoises – en français ou en créole. Les chansons sont réunies dans un petit recueil que l’on trouve en librairies ou, pour les plus connectés, sur des applications mobiles. Certains Chanté Noël s’apparentent à de véritables concerts, menés par des groupes qui ont établi leur notoriété au fil des années : c’est le cas de Ravine Plate, Bakwa Nwel ou Rasinn’.

Les puristes préféreront les classiques « Michaud Veillait », « Dites-nous aimable Dieu » ou « Joseph, mon cher fidèle ». Les plus facétieux entonneront le « Vive le vent, vive le vent, vive le vendredi ! » ou « Chevaliers de la Table Ronde, goûtons voir le rhum est bon ! S’il est bon, s’il est agréable, j’en boirai jusqu’à bon plaisir ! ». Mais sachez aussi que « si an jou ou wè mwen mò, téré mwen djèl anba tono-a », littéralement, « à ma mort, enterrez-moi bouche ouverte sous le tonneau (de rhum) ». Comme vous le voyez, l’essentiel est de chanter. Et si vous ne parlez ou ne comprenez pas le créole, balancez-vous simplement de gauche à droite au rythme de la musique, tout ira bien.

Préparer des mets et boissons typiques de Noël

Le shrubb aux écorces d’orange préparé depuis novembre, l’anisette, le punch Alexandra avec du sirop de grenadine, les liqueurs ou le sirop de groseille. Bien sûr, le jambon de Noël caramélisé à l’ananas, les pâtés salés, le boudin, les pois d’Angole, ne sont pas en reste. Ma mère dit souvent qu’à Noël, on fait bombance ! L’odeur des bons petits plats embaume les maisons. Je me revois, plus jeune, préparer les pâtés avec ma grand-mère en utilisant les verres comme emporte-pièces. Venez à nos tours gourmands Tété Dwèt pour vous en faire une idée plus précise !

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Tuer (et manger) le cochon

Autant vous dire qu’une fois le mois de décembre arrivé, la vie des cochons en Martinique se raccourcit. Leur heure arrive progressivement. Tic, tac, tic, tac. Ici, c’est l’animal-totem de la période ! Jambon, boudin, pâtés, ragoût : sé kochon an tout’ sòs ! Il est partout !

La mort du cochon s’inscrit dans un véritable rituel à la fois sanglant et convivial. Âmes sensibles, arrêtez-vous ici.

On le nourrit toute l’année à base de fruits, de légumes, de restes de repas. Le cochon n’est pas difficile et l’objectif est qu’il soit bien dodu, pas trop gras ! Selon Alain, un spécialiste du sujet que nous avons interrogé : « C’est une étape encore plus importante si l’animal est un cochon sauvage puisqu’il faut le “sevrer”, pour qu’il soit consommable sans danger. » D’ailleurs, savez-vous comment s’appelle le cochon de Martinique ? Non ? Venez à vos tours gourmands alors !

Bref, le jour J arrive. Plusieurs personnes sont conviées pour aider : amis, voisins, famille et l’ambiance est bonne. L’heure du sacrifice est arrivée et plusieurs étapes vont se dérouler sous vos yeux ébahis. On va le piquer, récupérer son sang, le faire griller, le laver, le dépecer, même le suspendre ! Pour connaître les détails, découvrez notre article dédié ici. Laissez-moi juste vous dire que tout est bon dans le cochon de Martinique ! Les boyaux serviront de contenants pour le boudin ; les pieds finiront dans une soupe ; les épaules deviendront du jambon à l’ananas.

Faire la ribote

Imaginez un groupe de personnes qui passe, de maison en maison pour célébrer Noël, chanter des cantiques, boire et manger. C’est la ribote ! 

Pour l’occasion, les maisons restent ouvertes et les hôtes vous accueillent avec des mets qu’ils ont eux-mêmes préparés. La ribote est le symbole de la convivialité, de la fraternité et de la proximité entre voisins et familles d’un même quartier. Quant au timing, il diffère selon chacun : certains préféreront y participer avant Noël, d’autres le soir du réveillon, d’autres encore le lendemain.

Aller à la messe

Noël est fondamentalement une fête religieuse chrétienne. Aussi, de nombreuses familles se rendent à l’église pour la célébrer. 

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